Curios & Mirabilia

Aujourd’hui, la meilleure façon de découvrir le château est de vous laisser guider par votre curiosité, attiré au passage par une odeur, un son, et d’aller de salle en salle en poussant quelques portes… en découvrant la collection d’art contemporain !                

Bâti à partir du XVIe siècle par une famille de puissants mécènes, le château d’Oiron pourrait n’être qu’un magnifique écrin pour un décor spectaculaire : fastueuse galerie de peintures murales dans le Style de l’Ecole de Fontainebleau, ensemble exceptionnel de boiseries peintes, sculptées et historiées, du XVIIe siècle. Or, il est aussi tout autre chose ! Depuis 1993, il accueille une collection d’art contemporain unique en France, Curios & Mirabilia (Curiosités & Merveilles), conçue pour lui, en mémoire du grand collectionneur d’art que fut Claude Gouffier (seigneur du château), surle thème des cabinets de curiosités de la Renaissance, qui mêlaient les ouvrages des hommes à ceux de la nature.
  

© Christian Boltanski - ADAGP - Légende : la galerie de portraits, "Les Écoliers d'Oiron", Christian Bolstanski. Commande publique, collection CNAP, inventaire FNAC.

 

Lorsque Christian Boltanski, dans la galerie de portraits, substitue la descendance aux ancêtres, il n’agit pas par pur paradoxe. La sélection  oligarchique par la naissance s’efface devant l’égalité des chances de la démocratie républicaine : la lignée par filiation fait place à la tranche démographique. Les enfants de l’école d’Oiron, aujourd’hui anonymes passe-partout fixant la caméra vêtus d’un sweat-shirt, sont virtuellement guettés par la renommée. L’un ou l’autre sera, peut-être désigné un jour (« le troisième à droite dans la quatrième rangée ») pour ses exploits. En attendant, tous les enfants se sont prêtés au rite de la photo scolaire pour l’appareil de Boltanski, jusqu’à recouvrir l’essentiel de la cimaise supérieure. Autant que des portraits d’enfants individualisés, ces photos sont aussi des documents sociologiques : elles deviennent des clichés bien plus que des illustrations.

  
  

Légende : la Salle à manger - © Raoul Marek - ADAGP

 

© Raoul Marek - ADAGP - Légende : La Salle à manger, de l'artiste Raoul Marek. Commande publique, collection CNAP, inventaire FNAC. 

Chaque année, le 30 juin, Raoul Marek convie 150 Oironnais à un somptueux repas dans le but de remémorer les liens historiques entre le village et le château. Des couverts personnalisés sont décrochés pour dresser la table du banquet dans la salle d'armes du monument. Chacun doit se reconnaître dans l'assiette pour trouver sa place. Le reste de l'année, "le service de table" est exposé en triple frise sur les murs de la salle à manger. Avec des objets du quotidien, Marek inscrit les Oironnais dans une perspective temporelle. L'assiette porte la silhouette du visage de son propriétaire, elle le caractérise dans son passé. Le verre, gravé des initiales de la personne, fixe le présent de la naissance au décès. Quant à la serviette qui porte l'empreinte de la main gauche, elle évoque le futur. Dès sa réalisation, ce témoignage du présent est condamné à devenir un document historique, une mémoire régionale : un signe capable de communiquer avec la postérité...

  

© Georg Ettl - ADAGP - Légende : La galerie des chevaux, Les chevaux d'Oiron, de l'artiste Georg Ettl. Commande publique, collection CNAP, inventaire FNAC.

 

Se substituant aux anciens tableaux représentant les plus beaux chevaux du Roi réalisés au XVIe siècle, la frise de Georg Ettl en reprend le thème dans une interprétation décorative. Pour Oiron, il a utilisé du fusain broyé appliqué au pinceau pour dessiner les contours des chevaux. Leur épaisseur correspond à celle des marques peintes sur les murs, désignant les haras d’Italie et d’Espagne, qui fournissaient alors les meilleurs destriers, identifiés par le marquage au fer sur leur flancs.
  

© Daniel Spoerri - ADAGP - Légende : Salle d'Armes, Les corps en morceaux, de l'artiste Daniel Spoerri. Commande publique, collection CNAP, inventaire FNAC. 

 

Ces trophées portent la marque de l’un des maîtres de la réutilisation des déchets et objets de rebut depuis 1960. Les combinatoires inspirées de cet artiste qui manie aisément plusieurs langues reposent sur une connaissance approfondie de l’histoire des objets et de leur rapport au langage. Images de la diversité du monde et du chaos réorganisé, ces assemblages se composent d’objets portant chacun en eux leur mystérieuse histoire, et résument l’imbrication macabre des ouvrages de l’homme avec ceux de la nature, chère aux collections de la Renaissance. L’énumération des éléments et leur classement seraient encore plus longs que chez Rabelais. Les prothèses et les mannequins se disputent aux jambières des armures, les masques de cérémonie africains aux masques à gaz, les têtes de chevaux en bois aux hures de sanglier et au crâne de jeune hippopotame. La guerre n’est que le bras armée de la religion. Les crucifix rappellent que les guerres de Religion, qui ont donné lieu à la bataille de Montcontour à quelques lieues de là, ne font pas partie d’un passé révolu.

 

© Sol LeWitt - ADAGP - Légende : Salle des figures géométriques, "Wall drawing #752", de l'artiste Sol LeWitt.
Commande publique, collection CNAP, inventaire FNAC.

 

La salle des figures géométriques est entièrement couverte par les différentes combinaisons chromatiques résultant de l’application d’encres rouges, bleues,  jaunes, et grises en couche successives, sans mélange préalable, suggère un univers régi par une logique mathématique cachée. Ce déploiement de formes et de couleurs semble pouvoir se prolonger à l’infini ; il n’est borné que par les limites de l’architecture : les murs…
  

Légende : Salle de la Lévitation, Decentre-Acentre, de l'artiste Thomas Shannon. Commande publique, collection CNAP, inventaire FNAC.

 

La tour des ondes, dont l’étage n’a sans doute jamais été vraiment habité, est voué à la méditation et à la contemplation. Le volume pur d’un disque d’aluminium parfaitement inscrit dans son environnement baigne dans la lumière. Allégorie de la Terre et du cosmos, « Decentre-Acentre » met en lévitation au-dessus du large disque un hémisphère, grâce à un procédé magnétique incorporé, alors que son double inversé est suspendu. L’émerveillement reprend ici tous ses droits, à la fois à cause du parti pris de pureté esthétique, et à cause de la magie du phénomène. L’hémisphère flottant n’est retenu que par un câble très fin pour contrecarrer son mouvement latéral. Féru de technologie avancée, et hanté par les dimensions spatiales de notre galaxie, Tom Shannon crée un monde d’apesanteur et d’utopie paradisiaque. 

 

La collection permanente d’art contemporain « Curios & Mirabilia » comporte plus de 70 artistes exposés dont :  Marina ABRAMOVIC, John ARMLEDER, Patrick BAILLY MAITRE-GRAND, Lothar BAUMGARTEN,  Alain BUBLEX, Guillaume BIJL, Jean-Charles BLANC, Christian BOLTANSKI, Marcel BROODTHAERS, Stanley BROUWN, Frédéric BRULY BOUABRE, Gavin BRYARS, Pierre BURAGLIO,  James Lee BYARS, Patrick VAN CAECKENBERGH,  Pascal CONVERT, Pascal CRIBIER, Bill CULBERT, Nicolas DARROT,  Wim DELVOYE, Laurent DUTHION,  Eric DIETMAN, Braco DIMITRIJEVIC, Hubert DUPRAT, Jean DUPUY, Georg ETTL, Robert FILLIOU, Ian Hamilton FINLAY, Peter FISCHLI & David WEISS, Joan FONTCUBERTA, Gloria FRIEDMANN, Paul-Armand GETTE, Dario GHIBAUDO, Toni GRAND, Thomas GRUNFELD, Yoon HEE, Sara HOLT, Thomas HUBER, Fabrice HYBERT, Alain JACQUET, Laurent JOUBERT, Ilya KABAKOV, On KAWARA, Bodys Isek KINGUELEZ, Piotr KOWALSKI, Kane KWEI, Wolfgang LAIB, Bertrand LAVIER, Sol LeWITT, LINARES (Famille), Raoul MAREK, Annette MESSAGER, Wolfgang NESTLER, PANAMARENKO, Giuseppe PENONE, Anne et Patrick POIRIER, Markus RAETZ, André RAFFRAY, Philippe RAMETTE, Charles ROSS, Claude RUTAULT, Thomas SHANNON, Kazuo SHIRAGA, Daniel SPOERRI, Jean TINGUELY, Niele TORONI, Felice VARINI, Laurence WEINER, Caldas ZANINE…

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