Découvrez cette exposition née du jumelage de monuments français et russes !
Cette exposition de photographies organisée par le Centre des monuments nationaux, le Schusev State Museum of Architecture (Moscou) et le State Melnikovs Museum (Moscou) et présentée dans le cadre du Mois de la Photo du Grand Paris fera dialoguer l’œuvre de l’architecte russe Konstantin Melnikov avec celle de Le Corbusier, récemment inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Dans le cadre de l’année franco-russe du tourisme culturel, le Centre des monuments nationaux a conclu des jumelages entre quatre monuments français et quatre monuments russes. C’est ainsi que la villa Savoye (Poissy - France), construite par Le Corbusier et la maison Melnikov (Moscou – Russie), du nom de son architecte, sont jumelées depuis 2016, en raison du caractère moderne des deux monuments et de l’empreinte des deux architectes sur leur temps et sur l’architecture.
Les deux architectes se sont rencontrés en 1925, quand Konstantin Melnikov (1890-1974) achevait la construction du pavillon soviétique de l’exposition internationale des Arts décoratifs et industriels de Paris en 1925. A l’occasion de cette rencontre, Le Corbusier (1887-1965) fit visiter dans un grand tour en voiture à son homologue russe chacune de ses constructions réalisées.
En écho lointain à leurs discussions, l’exposition se propose de faire découvrir l’œuvre de Melnikov – pavillons d’exposition, maisons du peuple, garages et quelques projets non réalisés, en regard de la villa Savoye, à travers une série de reproductions exposées en extérieur et présenter la maison Melnikov à travers une série de dessins et photographies projetées à l’intérieur même de la villa Savoye.
Photographier l’architecture - surtout celle des maîtres de la discipline - est un genre bien spécifique que l’exposition soulignera. Les portraits des deux hommes par Henri Cartier-Bresson permettront aussi de mieux les connaître.
© Denis Esakov, 2015
La vie de Melnikov (1890-1974), l’un des architectes russes les plus importants et controversés, reflète en grande partie l’histoire de la Russie du XXe siècle. Le jeune homme talentueux, issu d’une famille de paysans, reçut, avant la révolution, une excellente éducation artistique et architecturale. La Révolution de 1917 fut pour lui un véritable ascenseur social. Il s’est rapproché des intellectuels de l’élite bolchévique grâce aux nombreux concours auxquels il a participé et à ses premiers projets.
Melnikov était un expérimentateur en avance sur son temps. Son architecture est convertible, dynamique, voire cinétique pour certains projets, et toujours « parlante », avec des formes mémorables. Mais il n’opposait jamais l’ancien au nouveau, le classique au moderne, méprisait les matériaux modernes, et sa création avant-gardiste intégrait les traditions de l’architecture russe.
Dans les années 1930, lors de l’essor de l’architecture stalinienne, Melnikov refusa de renoncer à ses propres principes créatifs, ce qui entraîna son exclusion de la profession d’architecte. Alors qu’à la fin des années 1920, le praticien prolifique travaillait simultanément sur une dizaine de projets, il ne réalisa aucune œuvre au cours de la deuxième moitié de sa vie. Ce n’est qu’en 1960 qu’il fut réhabilité et reconnu.
Ses principaux travaux sont des bâtiments publics (garages, clubs, pavillons d’exposition), mais sa réalisation la plus connue est sa propre maison-atelier à Moscou.
Découvrez en vidéo la modélisation 3D de sa célèbre maison-atelier :
© Aljona Beier, 2017
Charles-Édouard Jeanneret, dit Le Corbusier (1887-1965), est sans conteste l’un des architectes les plus inventifs et les plus influents du XXe siècle. Suisse d’origine, naturalisé français en 1930, il est aussi le premier à pratiquer son métier à l’échelle mondiale.
Il définissait l’architecture comme « le jeu savant, correct et magnifique des volumes assemblés sous la lumière ». À la fois architecte, peintre et théoricien, il n’a cessé de voyager, pour apprendre d’abord, pour diffuser ses théories ensuite, enfin pour construire. Son œuvre concerne tous les programmes qui ont marqué le XXe siècle, notamment l’habitat individuel et collectif, l’urbanisme, les bâtiments publics, culturels, sacrés ou industriels.
Auteur d’œuvres majeures telles la villa Savoye à Poissy, la Cité radieuse à Marseille, la chapelle de Ronchamp ou les bâtiments du Capitole de Chandigarh en Inde, Le Corbusier fut pourtant longtemps combattu ; il eut finalement les honneurs de funérailles dans la cour Carrée du Louvre, assorties d’un discours d’André Malraux resté célèbre.
L’inscription sur la Liste du patrimoine mondial de « l’œuvre architecturale de Le Corbusier, une contribution exceptionnelle au Mouvement Moderne » en 2016 est une reconnaissance de l’invention d’un nouveau langage architectural en rupture avec le passé et de la valeur universelle de cette œuvre.
Du 15 avril au 17 septembre 2017 à la villa Savoye
Le commissariat de cette exposition est assuré par Pavel Kuznetsov, Anna Kistanova et David Madec.