Découvrez l'exposition de Gloria Friedmann !
Les oiseaux du paradis, Gloria Friedmann, cour d'honneur du château d'Oiron
Le Centre des monuments nationaux présente l’exposition Eden Utopie de Gloria Friedmann du 25 juin au 2 octobre 2022
L’Utopie d’Eden de Gloria Friedmann au château d’Oiron est celle d’un monde ou humain et animaux vivent en harmonie.
Les châteaux sont fortement marqués par la présence de l’animal, qu’ils soient domestiqués, chassés, mangés …. Et celui d’Oiron n’échappe pas à la règle avec les chevaux des écuries royales au temps de Claude Gouffier (XVI° s), mais également avec une tradition de chasse à courre qui perdure dans la mémoire des habitants d’Oiron.
La proximité entre l’homme et l’animal se lit dans les décors historiques du château, que ce soit dans la galerie peinte des années 1540, peuplée de lapins, licornes, renards qui tiennent leur rang dans la narration de l’histoire épique de la guerre de Troie, ou bien au plafond XVII° s. de la chambre du roi, où léopard, éléphant, chameau, cheval, viennent en allégories des parties du monde, clairement au service de leurs découvreurs européens. Plus récemment, T. Grünfeld réveille l’imaginaire des anciens cabinets de curiosités avec ses Misfits (1993) et nous rappelle la présence d’un étrange crocodile dans l’église d’Oiron.
Cette proximité de l’homme et de l’animal relève pour Gloria Friedmann d’un paradis utopique. Néanmoins, en peuplant le château de figures humaines et animales, elle met en tension cette relation et raconte une histoire au travers du parcours proposé. L’eau jaillissante, symbole de vie, introduit le parcours, mais déjà associé à un monde animal voulant attirer l’attention sur les menaces qu’il subit.
Dans le vestibule d’entrée, face aux nouvelles menaçantes du monde, les écoliers d’Oiron (photographiés par Christian Boltanski à la fin du XX° s.) s’associent au brame d’alerte du cerf.
Dans la chambre du roi, les animaux regroupés sous le missile, semblent juges de la folie des hommes et maîtres de la destinée du monde, à la différence de leurs homologues au plafond du XVII° s., tirant des chars conduits par l’homme.
Ils sont aussi ceux qui regardent, contrairement aux figures humaines des autres salles, comme porteurs d’une conscience, celle d’avoir été vivants et de voir l’avenir de notre destinée commune, à l’instar des Parques, ces figures mythologiques du plafond.
Dans la salle dit « de l’Arlequin », sous le plafond aux formes octogonales, les trois figures féminines sur piédestal suggèrent une statuaire classique tout en s’en écartant radicalement par l’hybridation animale. Elles revisitent les Trois grâces de la mythologie grecque en leur insufflant une part d’animalité. Par leur absence de regard, elles donnent la réplique aux déesses de la scène du jugement de Paris dans la galerie renaissance toute proche, jugée par l’œil de Paris. Cette hybridation aveugle serait-elle source d’une force supplémentaire, une réponse à l’harmonie perdue ?
Quelques figures humaines intriguent (L’Intouchable / Le Cobaye) se figent dans des postures, dans des histoires qu’ils incarnent, soit portant le poids du monde, soit en quête d’une issue au devenir de l’espèce humaine.
Eden Utopia déploie sa dramaturgie à l’ensemble du château et résonne fortement, de part sa thématique d’un vivant menacé de disparition, avec la tragédie grecque de la guerre de Troie, racontée dans la galerie de peinture Renaissance.
En investissant le château dans ses moindres recoins, Gloria Friedmann l’envisage et le propose comme un espace de cohabitation possible pour l’homme, l’animal, le minéral et le végétal. Les éléments entrent ici en relation et dessinent une histoire qui nous emporte.
« Si nous acceptions d’être un animal, on verrait les choses autrement » Gloria Friedmann
Château d'Oiron, 10-12 rue du château, Oiron, 79100 Plaine-et-Vallées
Exposition du 26 juin au 2 octobre 2022
Le droit d'entrée du monument donne accès à l'exposition